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 [Journal de bord] Rihnn Rahz

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Rihnn

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MessageSujet: Re: [Journal de bord] Rihnn Rahz   [Journal de bord] Rihnn Rahz - Page 2 I_icon_minitimeSam 28 Mai - 20:07



24 ans plus tôt...

Deux femmes sont cachées entre deux tentes et discutent à voix basses.

- Elle à accouché?
- Oui. Un second fils.
- La pauvre. Tu as vu son oreille?
- La droite? Oui.
- Il n'est pas digne d'être notre nunh.
- Shht! Tu va nous faire tuer à dire cela.

Les deux femmes jettent des regards nerveux autour d'elles, puis, rassurées, elles continuent de murmurer.

- Aucun tia ne voudra l'affronter, maintenant qu'il à éliminé les plus forts.
- Tsk. Ils n'étaient pas à la hauteur, voilà tout.
- Tu sais aussi bien que moi qu'il va finir par toutes nous tuer. Y'gabrielle la première.
- Il faut espérer. Y'rihnn nous sauvera tous.

La miqo'te jeta un coup d'oeil vers la tente qui abritait le petit tia et sa mère.

- Je l'esp...

Une ombre jaillit derrière les deux femmes. Elles n’eurent même pas le temps de se défendre ou de crier.

Trois jours plus tard...

Tenant Y'rihnn dans ses bras, elle regarde passer les corps atrocement mutilés de ses sœurs. Elles auraient été chasser trop près d'un camp d'Amalj'aa et en auraient payées le prix fort. Pourtant, elle sait que ses soeurs ne sont pas stupides à ce point. Elle sait qu'elles étaient d'excellentes chasseuses. Elles ont parcouru le Thanalan ensembles si souvent... Sans être aussi douées que les U, elles n'étaient pas en reste. Du coin de l'oeil, elle aperçoit le nunh qui l'observe. Elle tourne les talons et ramène le petit à sa mère. Il ne reste plus qu'elle pour veiller sur Y'gabrielle et ses fils. Elle ne fera pas la même erreur que ses sœurs.


--------------------------

20 ans plus tôt...

Il s'interposa, du haut de ses sept ans, pour protéger sa mère et son frère. Il regarda le bras se lever, comme au ralenti. Chaque muscle découpé, ce poing large et pourtant serré. Les griffes aiguisées. Il va avoir mal, il le sait. Mais il ne ferma pas les yeux. Il a appris depuis longtemps déjà que démontrer de la peur, pleurer, supplier, ne fait qu'attiser sa colère, son excitation. Puis tout semble s'accélérer, jusqu'à ce qu'il ressente le coup le percuter au visage de plein fouet. Du sang gicla de sa lèvre fendue. Le petit miqo'te s'écroula sur le sol, à moitié assomé.

- Y'rihnn!!! hurla sa mère.
- Silence, femme! Il a osé s'interposé. Tu connais le châtiment.
- Pitié!! s'écria t-elle. Ce n'est qu'un enfant!

Mais le nunh ignora les suppliques de sa femelle et tabassa le petit Y'rhinn sans aucune retenue. Il le frappa, encore et encore. Dès que le petit tentait de se relever, il l'envoyait rouler plus loin d'un violent coup de pied dans le ventre. Cette fois, le petit miqo'te ne se releva pas.


-----------------



Aujourd'hui...

J'avais à peine mis le pied dehors... Je m'échauffais les muscles sur la Place du Frimas quand ils me sont tombés dessus. Ils étaient cinq. Cinq tia, tous plus brutaux les uns que les autres. Ils m'entourèrent et celui que je supposais être leur chef s'avança vers moi.

- Alors la rumeur est vraie. T'as renié tout ce que tu étais.

Je restais silencieux.

- Tu as perdu ta langue, Y'rhinn?
- Qu'est-ce que vous m'voulez?

Le tia regarda ses compères et tous ricanèrent. Puis il se retourna vers moi.

- Ce que je veux? Mais tu sais ce que je veux, traître.

Je savais qu'ils me retrouveraient un jour, mais je ne pensais pas que se serait aussi tôt. Je n'étais pas prêt. Ils le savaient. Mais cela ne les empêcha pas de m'attaquer tous en même temps. Je réussi à en mettre deux hors d'état de nuire, mais ils étaient trop nombreux pour moi.

Ils me jetèrent à terre et me battirent à coup de pied jusqu'à ce que je perde conscience. Et je revécu en rêve ce qu'il s'était passé il y a si longtemps... Plongé dans les tourments de mes rêves, ils en profitèrent pour me ligoter et ils m'emmenèrent.

Lorsque je repris conscience, je cru que je rêvais encore. Il était là. Celui qui m'avait fait tant souffrir. Celui qui avait tenté de détruire ma famille, mon clan. Cela ne pouvait pas être possible. Mais ce regard, ces cicatrices...

Je tournais la tête et mon sang ne fît qu'un tour lorsque je vît ma mère enchaînée au mur, couverte de son propre sang et de ses propres fluides. L'odeur était si forte, infecte, que je plissais le nez de dégoût malgré l'inquiétude qui déformait mes traits.

Je hurlais ;  "Maman!" "Pitié réveille toi!". Mais elle ne se réveilla pas. Je vis quand même son buste se soulever et s'abaisser, ce qui me rassura sur le fait qu'elle était encore en vie. Mais pour combien de temps? Paniqué, je cherchais mon frère du regard, mais nulle trace de lui. Orkhan devait être en sécurité quelque part. Il le fallait. Et il fallait que je sorte d'ici, avec ma mère. Mais avant toute chose, il fallait que je nous libères et que je nous sorte d'ici.

Puis c'est à ce moment que je réalisais qui se tenait devant moi. Tout esprit cartésien m'abandonna. Je n'en suis pas fier, mais je me mit à gémir et à pleurer pitoyablement.

Mon pire cauchemar se réalisait. J'étais à nouveau entre ses griffes. Il s'approcha de moi avec ce regard cruel que je connaissais si bien. Je savais ce qu'il allait me faire. Je replongeait en enfer. Ce bras qui se lève, ces muscles encore plus proéminent que par le passé... Ces griffes aussi coupantes que les miennes... Le coup tomba vers moi dans une lenteur infinie.

Et j'hurlais de terreur...
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MessageSujet: Re: [Journal de bord] Rihnn Rahz   [Journal de bord] Rihnn Rahz - Page 2 I_icon_minitimeSam 28 Mai - 20:09


17 ans plus tôt…

Elle n’en pouvait plus. Elle devait impérativement s’en aller. Plusieurs Tia avaient tentés de le renverser. Tous étaient morts.

Assise sur une simple chaise en bois dur, veillant sur ses fils endormis, Y’gabrielle se résout à se lever, malgré les éclairs de douleurs qui traversaient son corps. Y’kariss avait été particulièrement violent la nuit dernière. Le souvenir la fît regarder son plus jeune et son cœur se serra à la vue du petit visage tuméfié, des bandages qui le faisait ressembler à une momie.

Y’rhinn avait littéralement refusé de dormir dans son lit. Il avait sauvé son frère d’une mort certaine en s’interposant entre lui et le nunh. Y’gabrielle s’en voulu de ne pas être assez forte pour protéger ses enfants. Elle aurait dû…

Elle aurait dû quoi? Elle est impuissante. Il les as tous soumis. Hommes comme femmes, même les enfants. Le clan n’est plus ce qu’il est. Les femmes tuent leurs progénitures à la naissance ou les abandonnent dans le désert.

Le clan diminue, petit à petit. Y’kariss s’est rendu compte que moins d’enfants venaient au monde. Il avait vite compris ce que les femmes faisaient.

Certaines avaient tentées de fuir. Ils les avaient toutes rattrapées. Et brûlées vives. Pour donner l’exemple, disait-il. Pour que chacune d’entre elles voient ce qui leur arriverait si elles défiaient son autorité.

Mais entre brûler vive ou l’infime possibilité de sauver ses fils, le choix fût facile. Elle alla soulever une latte de bois de sa chambre et en sorti son bien le plus précieux : un collier en diamants que lui a offert Y’urla, sa sœur, si chère à son cœur, qui s’était sacrifiée pour elle en tentant d’aller chercher de l’aide. Elle enroula soigneusement le collier dans un bout de tissu sale et déchiré. Ainsi il n’attirerait pas l’attention. Avec un peu de chance, elle pourrait marchander le collier et obtenir un passe-droit pour Sombrelinceul, pour elle et ses fils.

Sombrelinceul… Là-bas ils seraient en sécurité. Là-bas, elle pourrait élever ses enfants loin de ce violeur, loin de ce crétin qui se croit supérieur parce qu’il terrorise les plus faibles que lui. À l’abri parmi les arbres et les sylphes.

Résolue, elle alla dans la cuisine, fourra dans un sac de voyage quelques aliments pour nourrir ses enfants. Elle pourrait chasser pour le reste. Puis elle alla réveiller doucement Y’rhinn. Le petit grogna un peu mais il était intelligent. Il comprit que sa mère avait besoin de lui et se leva dans le silence le plus complet. Il ramassa quelques vêtements à la demande de sa mère puis tandis qu’elle prenait son petit frère dans ses bras, il s’occupa des sacs.

Et c’est au milieu de la nuit la plus noire, alors qu’un orage se préparait et que la lune était totalement dissimulée par les nuages qu’ils réussirent l’impossible : ils fuirent le clan et survécurent.

----------------------------------

Aujourd’hui…

Il ouvrit lentement les yeux. Ou du moins essaya. Mais son corps était tellement épuisé qu’il en referma ceux-ci. Dormir. Il avait besoin de dormir.

Puis un spasme le secoua et il fut aspergé d’eau glaciale, le réveillant totalement. Il lâcha un cri et frissonna. Des milliers d’aiguilles semblaient vouloir lui transpercer la peau, résultat de l’eau qui s’écoulait sur son corps.

Il entendit des voix autour de lui sans en comprendre la teneur. Il était attaché à deux blocs de bois croisés, pieds et poings liés, entièrement nu.

Puis les souvenirs des deux derniers jours affluèrent.

« Réveille-toi, Rhinn. »

Quoi?

« Ouvre les yeux. Ouvre les yeux ou tu la perdras. »

Mais j’ai déjà les yeux ouverts…

« Non, Rhinn. Pas encore. Mais ils te cherchent. »

Qui?

« Ton Capitaine et son petit. Tends tes oreilles. Ouvre ton cœur. Libère-toi de tes chaînes. »

Comment?

« Souviens-toi… Qui tu es. »

Qui je suis.

« Oui. Rappelle-toi. »

Qui suis-je?

« Tu es nous et nous sommes toi. »

Nous ne formons qu’un.

« Oui, Rhinn. Maintenant ouvre tes oreilles. Entends ce qui t’entoure. Mais ne bouge pas. Ils sont toujours là. »

Ils?

« Nous allons t’aider à sortir de là. Mais tu dois nous faire confiance. »

D’accord.

Puis Rhinn senti la magie affluer brutalement en lui, le laissant à moitié étourdi et sonné encore une fois.

« Esprits blancs des temps passés, venez à notre aide. »

Esprits blancs des temps passés, aidez-moi.

« Occultez notre souffrance, aidez-nous à voir et entendre. »

Occultez ma souffrance. Aidez-moi à devenir plus fort.

Il ouvrit subitement les yeux, les oreilles dressées. Autour de lui, deux hommes étaient en train de le détacher tandis que le nunh lui tournait le dos. Il l’entendit asticoter l’équipage et surtout, sa femme, via la perle qu’il lui avait prise quand il l’avait capturé.

Il se mit à hurler et à feuler de rage, bouillonnant de colère. Tout l’équipage l’entendrait, il en était sûr. Il devait les rassurer quant à son état de santé. Il était vivant. Ako feula, il l’entendit par-dessus les ricanements d’Y’kariss et les grognements de ses geôliers.

Puis il senti Ako se tendre vers lui, comme elle l’avait déjà fait par le passé. Il la sentie en lui et son cœur se réchauffa. Elle était là. Elle était déjà en route. Et elle allait tous les tués.

Il était sauvé.
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MessageSujet: Re: [Journal de bord] Rihnn Rahz   [Journal de bord] Rihnn Rahz - Page 2 I_icon_minitimeSam 28 Mai - 20:10


Deux semaines ont passées depuis que le capitaine et son « chiot » sont venus à ma rescousse. Deux semaines que je me remets de mes blessures… et que ma mère est toujours sous son joug.

Quant à moi, j’y ai laissé des marques de torture… et la main droite. Je peux encore revoir la scène quand je ferme les yeux. Mon père qui se tiens face à moi et qui continue d’asticoter Ako avec ma linkperle, les hommes de mains d’Y’kariss qui me tiennent. Ils ont dû s’y mettre à cinq pour me retenir.

Mais cela n’a pas empêché mon père de faire le signe qui allait m’amputer d’une partie de moi contre mon gré. Je revois encore la hache du Tia qui se lève. J’entends toujours le sifflement de la lame dans les airs et puis plus rien. Mon cerveau occulte le reste. Je pense que ça vaut mieux. Je crois que j’ai crié. Tout est flou. Je me souviens d’avoir repris conscience à l’Escale, avec Ako qui me veillait, encore.

Ma femme si dévouée. Je vais finir par lui faire faire une crise cardiaque, si je continue à me mettre dans le pétrin comme je le fais. Toujours le premier à bondir, à foncer au-devant des autres. Un mage blanc qui fonce comme un paladin. J’ai vraiment raté ma vocation.

------------

Voilà que je ris bêtement. Ako me jette un regard bizarre, il vaut mieux que j’arrête de rire tout seul. Elle va me prendre pour un fou ou croire que je suis ivre. Même si je n’ai jamais été ivre depuis que je me suis engagé à bord. J’arrête toujours de boire avant de perdre vraiment les pédales.

… Perdre les pédales. J’ai failli. Putain j’ai failli péter un boulon. Ça fait… trois jours? Quatre? Je ne sais plus. Je suis comme dans un brouillard. Ma mère. Je savais ou elle était. Un truc vraiment con, je me suis souvenu d’avoir entendu parler d’une planque pour le clan, quand j’étais gosse. J’ai été voir et… J’ai tapé dans le mille.

Le truc, c’est que l’équipage veut toujours me suivre. Je comprends que j’ai tendance à me foutre dans la merde régulièrement et qu’ils s’inquiètent pour moi. Je comprends qu’ils ont eux aussi envie d’en découdre. On est des pirates. La baston, y’a rien de mieux. Quoique le rhum… À voir. J’aime bien les deux. Mais je m’égare.

L’équipage. Llymlaen sait à quel point je les adore, ces bougres de criminels. Mais putain que quand ils s’y mettent, ils sont collants! Une chance pour moi, le capitaine Horn a compris que je voulais partir seul. Bon, il espérait probablement que je crève aussi derrière. Ça aurait bien arrangé ses affaires. Il me pense toujours indigne de sa fille. Mais je ne vais pas changer parce que ça ne fait pas son bonheur. Par contre, je lui en dois une. Grâce à lui j’ai pu m’enfuir pendant que l’équipage m’attendait à Brumée.

Parce que y’a des choses qu’un homme doit accomplir seul.

Et mon père… c’était mon affaire. Je ne pouvais pas emmener les autres avec moi. C’était une affaire de miqo’te. Une affaire d’un clan de la tribu du soleil. Les pirates n’ont pas à foutre leur nez dans les affaires de mon ancien clan. Halcyon l’a compris.

Alors j’y suis allé. Seul. Armé de mon sceptre, de mes luminettes (si généreusement rendues par la Tour de la Reine qui me les avaient piquée. Dommage que je n’ai pas pu la tuer…) et d’un flingue que m’a donné le père d’Ako. Une balle. Une seule balle. Je n’avais pas le droit à l’erreur.

Curieusement, les esprits de la terre, de l’eau et du vent étaient avec moi, ce soir-là. Ma magie était… magnifique. Puissante. La lune était levée, haute dans le ciel. Menphina veillait sur moi, j’en mettrai ma main à couper. L’autre. Enfin. Celle qui est encore normale. Bref. Je me comprends.

Je comptais épargner mon père. Le briser m’aurait suffi. Il nous a tous tellement fait souffrir, la mort était un châtiment trop doux à mes yeux. C’était avant de voir ma mère.

Brisée. Le corps froid. Toujours enchaînée au mur.

Morte.

Maman. Je n’ai pas pu arriver à temps pour te sauver. Ma petite maman d’amour. Toi qui nous as tout appris, à mon frère et moi. Toi qui t’es sacrifiée pour que tes enfants puissent être libres. Je n’ai même pas pu te dire que je t’aimais une dernière fois. Et je n’aurais plus jamais l’occasion de te le dire. Ni celle d’entendre ta voix. Ou de me faire tirer les oreilles parce que j’ai fait une bêtise. Ou de sentir tes bras autour de moi.

J’ai peur d’oublier ton visage. Tes yeux ambrés. Ces rides qui commençaient à dessiner délicatement le contour de ton visage. Tes longs cheveux noirs que tu aimais tresser. Ces cheveux qu’on s’amusait à tirer, mon frère et moi, quand on voulait jouer. J’ai peur d’oublier ton rire, ton sourire.

Mais tu peux reposer en paix au royaume de Thal, maman. Parce que papa, il est mort. T’avoir vu ainsi à fait mourir la dernière lueur de bonté que je pouvais éprouver envers mon géniteur.

Je les ai tués. Tous. Tous les mâles. Dix… douze? Je n’ai pas compté. Mais ils sont tous morts. J’ai fait exploser la caverne avec tout le clan à l’intérieur. Mais j’ai protégé les femmes et les enfants. Ce sont des victimes innocentes. Elles n’avaient pas à mourir à cause de lui. À cause d’eux.

Y’kariss était un coriace, je ne peux que lui accorder cela. Il a survécu à l’explosion. Il a réussi à sortir de la caverne. Mais il n’a pas survécu très longtemps.

Je le revois s’élancer vers l’air libre, couvert de son propre sang et de poussière, puant la peur et le musc. Ah, le prédateur en moi était heureux. Je n’ai même pas couru. Il allait s’effondrer, il était trop blessé. Je le voyais bien, même de loin. Et comme prévu, il s’effondra. Je l’ai rejoint. Et là il a touché le fond. Il m’a supplié de lui laisser la vie sauve. Il a tenté de marchander sa pitoyable existence.

Je me suis penché vers lui et je lui ai murmuré à l’oreille : « Y’gabrielle, elle t’a suppliée aussi, avant que tu ne la tue? »

Il est mort avec le pistolet que m’a offert le Capitaine Horn et une expression de stupéfaction totale sur le visage. Je l’ai abattu à bout portant. Froidement. Une seule et unique balle.

C’était la première fois que je tuais quelqu’un. J’ai anéanti tout un clan… Y’kariss ne pensait pas que j’aurais suffisamment de couilles pour le faire, ni la force d’ailleurs. Mais je devais sauver mon clan. Et venger ma mère.

Alors je l’ai fait. Je les ai tous tués. J’ai appuyé le canon sur son front de mon géniteur et j’ai appuyé sur la détente. Je l’ai regardé droit dans les yeux. Un homme ne détourne pas le regard lorsqu’il en tue un autre.

N’est-ce pas?

J’ai ramené maman à Sombrelinceul pendant que l’équipage (parce que ces enfoirés m’ont suivis, finalement…) allaient confier ce qui restait de mon clan au Nunh des U. Et j’ai laissé le cadavre de mon père pourrir sous les rayons du soleil et à la vue de tous les charognards. Il ne mérite pas d’avoir une sépulture.

Les sylphes m’ont vu arrivé avec le corps de maman. Ils m’ont aidé à creuser sa tombe et à l’enterrer. Ils veilleront sur son corps jusqu’à ce que je mette la main sur mon imbécile de frère qui court toujours à droite et à gauche. Même Vherkin et ses loups n’ont pas réussi à me l’attraper.

Je ne l’ai pas dit à Ako. Pas encore. Parce que j’ai l’impression qu’une fois que je le lui aurai dit…

Je ne veux même pas y penser. Je veux juste être seul avec mon frère. Vivre ma peine loin du regard des autres.

Adieu, maman. Je n’ai pas pu te sauver mais je te jure que je protégerais Orkhan. Au péril de ma propre vie s’il le faut. Et ne t’inquiète pas pour nous. Tu as fait de nous des hommes. On saura se débrouiller.

On se reverra dans plusieurs années, de l’autre côté.
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MessageSujet: Le temps qui passe   [Journal de bord] Rihnn Rahz - Page 2 I_icon_minitimeLun 6 Juin - 18:06


Les jours, les semaines passent.

Orkhan vit avec nous à l'Escale, bien que l'on ne le voit pas vraiment. Il vient pour dormir et repars vagabonder au matin, à la recherche de sa mémoire oubliée, marqué à tout jamais au visage par sa recherche de maman. Mais il semble bien se porter, ça me rassure. Il fait quelques crises, sa mémoire lui revient tranquillement. Je vois qu'il souffre de son amnésie, mais qu'il garde néanmoins la tête haute. On boit un coup ensembles, on mange, on se chamaille.

Je m'entraîne comme un dingue au pugilat, à la demande d'Ako et aussi parce que j'en ai marre de toujours finir à moitié mort. Je cherche de plus en plus le combat, pour prouver ma valeur, pour tester mes capacités et pour repousser mes limites.

Bjarn s'est battu contre moi, lors d'un duel amical. Il fout des claques monumentales au repos, je n'ose imaginer ce que ça donne lorsqu'il passe dans cet état de fou furieux que je lui ai vu à Ombra. J'ai quand même remporté ce duel, ce qui m'a grandement surpris. Je m'attendais à tout sauf à ça.

Je me suis aussi battu contre Ako et bien évidemment, j'ai perdu. Le contraire m'aurait étonné, c'est une combattante aguerrie. Mais j'ai quand même retenu quelques petits tours de passe-passe, que j'ai appliqué lorsque j'ai affronté C'lya. Et elle, c'était quelque chose. Armure noire complète, espadon... Affronter un chevalier noir à mains nues, quelle idée démentielle! J'ai perdu également, mais j'ai réussi à lui mettre quelques coups. J'ai également appris qu'il y avait certains points faibles dans une armure, je compte bien retenir ma leçon et m'en servir lors de mes prochains combats.

Avec Ako, on a convenu que je participerai au Tournoi mensuel des Douze, dans deux lunes. J'ai la trouille, mais en même temps je sens l'excitation qui me gagne. J'ai envie de combattre ces champions qui s'affrontent dans l'arène. J'ai envie de prouver ma valeur aux yeux de tous, mais également à ma femme.

Ma vision de la vie change aussi, tranquillement. Je me fais un peu plus confiance et surtout, je fais de plus en plus confiance à Ako et à l'équipage. Je suis moins protecteur, plus détendu. J'ai quand même quelques petites rechutes, mais on ne change pas du jour au lendemain, n'est-ce pas?

Ma relation avec Ako à commencée à changer également. Elle est plus... sauvage. La matriarche en elle se réveille, semblant répondre à ma propre évolution. Elle qui ne voulait même pas entendre parler du fait d'avoir des enfants, elle m'a avouée qu'elle commençait à songer à revenir sur sa décision. Ça, ça m'a cloué le bec. Je ne m'attendais tellement pas à ça que j'ai figé.

Une famille. J'ai envie d'avoir des enfants, de voir Ako s'épanouir durant la grossesse, de voir son ventre rond qui portera le futur capitaine de l'Eternal. Je manque d'objectivité, rien ne me dit qu'il sera capitaine, ce petit. Mais j'aime y croire et rêvasser.

Maman, de là-haut, est-ce que tu vois ton fils qui grandit? Est-ce que tu es fière de ce qu'il devient? J'espère que oui. Ta présence me fait cruellement défaut, tu me manques, si tu savais à quel point... Ce que je redoutais commence à se produire. Parfois, quand je pense à toi, je n'arrive pas à me remémorer ta voix. J'oublis, tranquillement, même si la douleur de ta perte est toujours aussi forte dans mon cœur.

Mais la vie continue. Le temps passe, inlassablement, indifférent aux douleurs que je peux ressentir. Le soleil se lève chaque matin et se couche chaque soir, poursuivant sa course éternelle dans le ciel.

L'esprit blanc ne se manifeste plus, il s'est apaisé, enfin. L'équipage est en sécurité, on a plus besoin de lui. Il... Nous veillons néanmoins, sans relâche, sur le navire et son équipage. Nous gagnons en force, nous préparant pour la prochaine bataille, qui viendra à coup sûr frapper à notre porte.

Ne pas baisser sa garde. Rester vigilant. Et surtout : ne pas oublier pourquoi nous nous battons.

Car comme le temps qui passe, nous sommes intemporels. Tant que l'Eternal vivra, nous vivrons avec lui.
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MessageSujet: Re: [Journal de bord] Rihnn Rahz   [Journal de bord] Rihnn Rahz - Page 2 I_icon_minitime

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